Empreinte carbone

Calculette d’équivalences

50 minutes de télévision
200 mètres en voiture
40 heures d'ampoule basse consommation allumée
20 grammes de volaille industrielle
0.6 kg de béton
2 km en TGV

Pourquoi avoir choisi le CO2 comme seul indicateur ?

Tout d’abord, il ne s’agit pas uniquement de CO2, mais d’équivalent  CO2. Nos étiquettes indiquent donc, en équivalents CO2, l’impact des différents gaz à effet de serre : le Dioxyde de carbone (CO₂) bien sûr, mais aussi le Méthane (CH₄), le Protoxyde d’azote (N2O) et divers gaz fluorés, qui tous contribuent de façon plus ou moins importante à l’effet de serre. Tous les gaz sont convertis dans la même unité : le dioxyde de carbone (CO2), qui est le GES d’origine anthropique le plus présent dans l’atmosphère. (Dans le monde, 77% des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine sont dues au CO2).

Rappelons que le changement climatique que nous observons depuis quelques dizaines d’années est considéré par l’ensemble de la communauté scientifique comme étant majoritairement dû aux émissions de gaz à effet de serre (GES ) d’origine humaine. Ce changement climatique est sans précédent dans l’histoire de notre planète. Notre planète a toujours connu des changements climatiques mais la vitesse du changement que nous connaissons actuellement est inédite et risque de poser des problèmes d’adaptation aux organismes vivants si nous n’agissons pas rapidement pour réduire nos émissions.

L’ONU a créé le GIEC  (groupement international d’experts sur le climat) en 1988 pour expertiser l’information scientifique sur le changement climatique et analyser les conséquences probables selon différents scénarios d’émissions. Depuis, 4 rapports ont été successivement rédigés, relus et contrôlés par des centaines de scientifiques, et votés à chaque fois à l’unanimité par les pays du monde entier. Malgré quelques détracteurs, on peut dire qu’il y a un large consensus sur le sujet

Pourquoi avez-vous décidé de vous concentrer sur le réchauffement climatique ?

Le dérèglement climatique est considéré par tous les experts scientifiques comme la menace écologique la plus immédiate, dans la mesure où il peut entraîner  à moyen terme (à horizon 2050-2100) des effets dévastateurs sur le niveau des océans, la disponibilité d’eau potable, la biodiversité et donc sur l’organisation de nos sociétés.

En signant le Protocole de Kyoto en 1997, 168 pays s’engageaient à réduire d’au moins 5,2% leurs émissions de GES entre 2008 et 2012, sur une base de 1990. Le « Paquet Energie-Climat » de l’Union européenne, signé par les 27 pays membres de l’Union en 2008,  tient en 3 engagements :

  • Réduire de 20% nos émissions de GES d’ici 2020 (par rapport à 2005),
  • Augmenter de 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique de l’Union Européenne
  • Améliorer l’efficacité énergétique de 20%.

Il est donc logique que l’enjeu climatique devienne prioritaire pour les entreprises soucieuses de leurs responsabilités sociales et environnementales, ce qui est notre cas. C’est pourquoi s’intéresser aux émissions de GES liées à notre activité économique nous est apparu comme un moyen d’agir pour engager une démarche d’amélioration continue en terme de développement durable.

Dans le cadre de notre plan d’action « développement durable », nous avons donc décidé de privilégier, dans un premier temps :

  • le calcul de l’empreinte carbone de nos livres et la prise en compte du carbone dans les critères de décision de l’entreprise
  •  l’utilisation de papier certifié ou recyclé propre à réduire cette empreinte,
  • la communication de ces informations au consommateur pour le sensibiliser à l’indicateur carbone

N’y a-t-il pas d’autres risques environnementaux, qu’il serait intéressant de considérer / de mesurer ?

Dans le cadre des mesures du Grenelle de l’Environnement, et sous l’égide de l’AFNOR et de l’ADEME, (http://affichage-environnemental.afnor.org/) un groupe de travail (GT8 ) auquel nous participons par l’entremise du SNE (Syndicat National de l’Edition) étudie la possibilité de porter, outre l’empreinte carbone,   deux critères supplémentaires à la connaissance des consommateurs : l’impact sur l’eutrophisation de l’eau et la pollution photochimique (pic d’ozone dans l’air) liés à la fabrication du livre qu’il a acheté.

La Commission Européenne a également mis en place des expérimentations sur l’évaluation multicritère des impacts environnementaux des produits.

Cependant, ces critères s’avèrent complexes à calculer et à exprimer d’une façon qui soit compréhensible pour le consommateur. Si et quand ces critères, ou d’autres, seront adoptés, nous les inclurons dans notre étiquetage environnemental.

Quelle est la méthode utilisée pour mesurer l’empreinte carbone d’un livre ?

La méthode de calcul que nous avons adoptée est celle recommandée par l’ADEME. Développée par Jean-Marc Jancovici, fondateur de la société de conseil Carbone 4 (http://www.carbone4.com/fr), elle est déposée sous l’appellation de « Bilan Carbone™ ».

Nous avons calculé l’empreinte carbone individuelle de nos livres sur un périmètre étendu dit « Scope 3 », jusqu’à la  porte du distributeur.  

Pour le bilan carbone d’une entreprise, un calcul en Scope 3 est un calcul qui prend en compte les émissions de CO2 liées aux consommations énergétiques internes de l’entreprise, mais également ses émissions indirectes (émises par d’autres) telles que le transport amont et aval des produits, le déplacements des salariés, la fabrication des matériaux entrants, déchets, etc. Cette méthode est plus ambitieuse et plus pertinente que les méthodes dites de « Scope1 » et de « Scope 2 » qui se contentent de mesurer les émissions du maillon de la chaîne de valeur auquel appartient l’entreprise et qui se privent de la possibilité d’exiger que les fournisseurs se conforment aux mêmes règles qu’elle en matière de responsabilité sociale et environnementale.

Dans le cas des empreintes carbone indiquées sur nos livres, la philosophie du scope 3 est respectée, puisque nous avons pris le périmètre le plus large qu’il nous est possible d’intégrer, c’est-à-dire :

  • les émissions  « amont » liées à la gestion des forêts dont on prélève le bois,
  • la fabrication de la pâte à papier, et du papier
  • l’impression et le façonnage du livre
  • le  transport de la matière première puis de la matière transformée entre les différents lieux de prélèvement et de production.

Périmètre de l'empreinte carbone indiquée sur les ouvrages

Cependant, comme au moment où nous apposons les étiquettes sur les livres, nous ne savons pas encore où ce livre sera distribué, nous excluons de cette empreinte carbone individuelle les émissions liées à notre activité de distribution aval (c’et-à-dire depuis le centre de distribution jusqu’au point de vente).  Ces émissions ont été prises en compte dans le bilan carbone de l’entreprise en 2008, et nous réfléchissons au niveau de l’entreprise sur la manière de réduire l’impact de cette étape (par exemple en limitant le plus possible les expéditions par avion).

Les activités « vie de bureau », dont les émissions ont également été évaluées dans le bilan carbone 2008, et qui représentaient une part très faible des émissions totales,  ne sont pas prises en compte dans le calcul de l’empreinte carbone du livre.

Concrètement, nous avons développé au sein de notre système de production un modèle qui calcule :

  • les émissions de CO2 associées aux activités de coupe du bois, en fonction des origines de ce dernier, et en fonction de ses éventuelles certifications (FSC , PEFC )
  • l’empreinte carbone de chaque opération de production et de transport entre les sites de nos papetiers, de nos imprimeurs et de distribution
  • et ce en fonction des spécifications propres à chaque ouvrage (format, pagination, tirage, type de papier, provenance des pâtes à papier, etc.).

La fiabilité et la spécificité des données utilisées sont d’une importance primordiale, car ce sont elles qui autorisent les comparaisons entre caractéristiques, méthodes et fournisseurs, et qui permettent de choisir les unes et les autres en fonction de leur performance écologique.

Des méthodes moins exigeantes existent, mais elles se contentent d’intégrer des valeurs moyennes propres à un process, à un type d’énergie ou à un pays, ce qui aboutit au contraire du résultat recherché, puisqu’elles gomment les différences, même minimes, qui permettent la recherche de solutions optimales.

A noter que si le poids carbone d’un livre est inférieur à 1 kg, nous exprimons son empreinte en gramme : s’il est supérieur à 1 kg, nous l’exprimons en kg.

Qui fait les calculs ?

Notre direction technique recueille les données et les traite de façon à ce que presque toutes les demandes de devis émanant de nos éditeurs donnent lieu à une estimation en euros et à une estimation simultanée en grammes équivalent CO₂, de façon à ce que l’éditeur puisse arbitrer en fonction de ce critère parmi d’autres.  Juste avant l’impression du livre, un logiciel spécialisé fournit automatiquement l’empreinte carbone du livre en production et celui-ci est imprimé soit sur le 4e plat de couverture, soit sur un rabat, soit en dernière page sous l’achevé d’imprimer.

Le calcul de l’empreinte carbone est-il certifié et/ou vérifiable ?

Le cabinet de conseil Carbone 4 a validé l’ensemble de la démarche d’évaluation de l’empreinte carbone de nos livres. Il s’est engagé à vérifier ponctuellement que la méthodologie est appliquée  de façon conforme par des sondages aléatoires.

La complexité de la méthode et le caractère confidentiel de certaines données nous interdisent de rendre publique  la totalité des calculs pour chaque livre. Cependant,  le dossier « carbone » de chaque ouvrage sera conservé et tenu à la disposition des instances de vérification créées par les pouvoirs publics si et quand l’étiquetage écologique devient obligatoire.

Quelle est la marge d’erreur ?

L’incertitude est une notion inhérente à la méthode Bilan Carbone. En effet, cet outil n’a pas vocation à être un outil de comptabilisation exacte à l’instar de la comptabilité financière. L’objectif est d’axer les priorités d’action sur les postes majeurs en termes d’émissions de l’entreprise. Le taux d’incertitude moyen du Bilan Carbone de l’entreprise en 2008 est de 30%. D’une manière générale, l’incertitude peut être due aux données collectées ou aux facteurs d’émission utilisés (ex : kg eq CO2/km parcouru). A titre d’exemple, il y a une incertitude assez forte (de l’ordre de 50%) sur le poste construction des actifs de l’entreprise (bâtiments, informatique). En revanche il n’y a pas d’incertitude sur les données du fret qui sont très bien connues par le service logistique.

Sur les livres, nous avons décidé d’arrondir les résultats à 50g près pour les livres dont l’empreinte carbone est inférieure à 1 kg, et à 100g près pour les livres dont l’empreinte carbone dépasse 1 kg.

Pourquoi certains livres sont-ils étiquetés, et d’autres pas ?

Nous n’apposons l’étiquette, par définition,  que sur les livres imprimés sur du papier recyclé ou sur du papier certifié, c'est-à-dire sur plus de 80% de notre production.   Certains livres ne peuvent être imprimés ni sur l’un, ni sur l’autre, et certains imprimeurs, notamment asiatiques, se fournissent eux-mêmes en papier auprès de papetiers qui ne réunissent pas toutes les conditions leur permettant d’être certifiés, ou ne nous garantissent pas encore une traçabilité fiable de ces papiers. Nous nous efforçons de réduire la part de papier d’origine inconnue ou douteuse et travaillerons dans ce sens jusqu’à ce que cette part atteigne un minimum incompressible, aux alentours de 10% de notre production.

Pourquoi deux exemplaires d’un même livre peuvent-ils afficher des empreintes carbone différentes ?

Lorsqu’on réimprime un livre, le tirage change. Or le tirage est un des paramètres entrant dans le calcul de l’empreinte carbone. Les données propres à la première édition doivent donc être revues en conséquence, ce qui peut modifier à la marge l’empreinte carbone qui figure sur l’exemplaire issu de la réimpression.

Il arrive que la fabrication de certains best-sellers soit répartie entre plusieurs imprimeurs, ou confiée à des imprimeurs successifs. Là encore, les données doivent tenir compte du bilan carbone spécifique à chaque imprimeur.

L’empreinte carbone est donc remise à jour au moins une fois tous les 3 mois dans le cas de réimpressions multiples au cours de cette même période ; l’empreinte carbone imprimée peut donc dater d’un trimestre. 

D’une façon générale, toutefois, les variations induites sont trop faibles pour impacter significativement l’empreinte carbone de l’ouvrage.